Jérôme Cahuzac ancien ministre du Budget
Dans la foulée de l'affaire Cahuzac, plusieurs ministres et députés, à gauche et à droite, ont rendu public hier, ou s'apprêtaient à le faire, l'état de leur patrimoine, anticipant, pour les membres du gouvernement, ce qui sera une obligation à compter du 15 avril.
"Les déclarations de patrimoine de tous les membres du gouvernement seront publiées d'ici le 15 avril, à l'instar des déclarations d'intérêts qui sont déjà disponibles sur le site internet du gouvernement", ont indiqué les services du Premier ministre dans un communiqué.
DÉCLARATION DE PATRIMOINE 2013 de Bruno Lemaire
Pour répondre à l'exigence de transparence dans notre démocratie, que j'appelle de mes vœux, vous trouverez ici ma déclaration de patrimoine.
Le patrimoine dont je dispose se compose au 1er janvier 2013 de la manière suivante :
1. Une part de SCI (Société civile immobilière) sur une ferme basque partagée avec mes 5 frères et sœur. La valeur totale de la ferme étant estimée à 600 000 euros, ma part est de 100 000 euros, à laquelle s’applique la décote SCI de 25%.
2. Des valeurs mobilières d’un montant total de 82 000 euros.
3. Des liquidités sur compte courant, Livret A et Plan de développement durable pour un montant total de 42 000 euros.
4. Du mobilier et des œuvres d’art pour un montant total estimé à 35 000 euros.
5. Une Peugeot 5008 de 2012 estimée à 23 000 euros à l’argus.
Je suis en revanche locataire de mon domicile à Evreux comme de mon domicile à Paris.
Marie-Arlette Carlotti a été la première ministre (déléguée aux personnes handicapées et à l'exclusion), à publier lundi sa déclaration, sur son blog.
En fin d'après-midi, les deux ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin, ainsi que les trois présidents de groupes parlementaires EELV (Jean-Vincent Placé au Sénat, François de Rugy et Barbara Pompili à l'Assemblée nationale) ont fait de même sur le site internet de EELV.
François Fillon dévoile son patrimoine
La classe politique divisée
François Fillon, ancien Premier ministre UMP, a affirmé lundi sur France 2 qu'"a priori", il n'y avait "pas besoin d'un projet de loi sur la moralisation de la vie politique, comme le propose le gouvernement. "Je regarderai ce qu'il y a dans ce projet de loi. Mais a priori, je considère qu'il n'y a pas besoin de projet de loi", a affirmé M. Fillon. "Je récuse l'expression de moralisation de la vie politique, je récuse l'idée que les hommes politiques soient tous corrompus, comme on essaie en ce moment de le faire croire...", a-t-il poursuivi. Toutefois, "même si je n'aime pas ce voyeurisme, je publierai la déclaration de patrimoine que d'ailleurs depuis des années, je fais au début de mon mandat à l'Assemblée nationale et à la fin de mon mandat", a dit le député de Paris.
Jean-François Copé, le président de l'UMP, a mis en garde mardi contre le "numéro de voyeurisme et d'hypocrisie" qu'il accuse le pouvoir d'organiser autour du patrimoine des politiques pour, dit-il, occulter l'affaire Cahuzac. Comme France 2 demandait au député-maire de Meaux s'il allait rendre public son patrimoine, à l'image de ce qu'a fait la veille son adversaire de l'automne François Fillon, le député-maire de Meaux a répondu : "naturellement je le ferai, le jour où la loi le prescrira".
L'ancien ministre et député UMP Laurent Wauquiez avait fait le même choix de transparence dimanche, dans Le JDD, en publiant le montant de son patrimoine. Xavier Bertrand, lui aussi ancien ministre et député UMP de l'Aisne, s'est déclaré lundi "totalement favorable" à la transparence, même s'il n'a pas abordé la question sur un terrain personnel. Pour l'UMP Valérie Pécresse, qui avait précédé Jérôme Cahuzac au ministère du Budget, "toutes les propositions (de moralisation de la vie publique, ndlr) qui sont sur la table ne servent qu'à faire diversion face à la gravité du séisme".
Le président du Modem, François Bayrou, a déclaré sur RTL que cette mesure était "à côté de la plaque". Ce n'est pas absurde (...) mais, en tout cas, ce n'est pas le sujet de la moralisation de la vie publique".
Parmi les députés socialistes, Christophe Castaner a été l'un des premiers à ouvrir le bal. "Personne ne doit pouvoir croire que l'on s'enrichit en étant élu. Parce que nous devons être exemplaires, j'ai fait le choix d'assumer cette transparence", écrit ainsi cet élu des Alpes-de-Haute-Provence sur son blog qui détaille, par le menu, le montant de son IRFM (indemnité de représentation de frais de mandat) attribuée mensuellement à chaque député, ainsi que son patrimoine.
De même, Vincent Feltesse, député PS de Gironde et président de la communauté urbaine de Bordeaux, a décidé de "rendre des comptes" sur ses indemnités et son patrimoine, tout au long de la semaine, sur sa page Facebook.
Les écolos rendent public leur patrimoine.
L'un d'entre eux pourtant, Noël Mamère, s'est déclaré lundi "pas d'accord avec cette course à la vertu". "Attention à ce prurit de transparence", a-t-il dit, "ce n'est pas avec des initiatives individuelles que l'on va répondre" au problème de l'affaire Cahuzac. "On est dans un Etat de droit et le président de la République a deux outils sous la main : le rapport Sauvé (ndlr: Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d'Etat qui avait remis un rapport au chef de l'Etat en janvier 2011 sur les conflits d'intérêts) et les prescriptions de Lionel Jospin", a souligné M. Mamère.