Les jeunes et l'alcool
   

Pas d'alcool pour les moins de 18 ans

Depuis soixante ans, les Français boivent de moins en moins d'alcool. C'est moins de cirrhoses, moins de cancers et moins d'accidents, au travail, dans les transports ou dans la vie courante. Cependant, les responsables publics seraient mal avisés de refermer ce dossier avec soulagement, car les problèmes reviennent avec une inquiétante acuité. Chacun le sait, par la presse, par les jeunes de son entourage ou par l'observation directe des centres-villes en fin de semaine : la fréquence des ivresses d'adolescents connaît une hausse rapide.

« Binge drinking » : un phénomène répandu chez les jeunes Européens

Le Binge drinking (de binge : bringue et drink : boire), que l’on peut traduire en français par « biture express » ou « alcool défonce » ou « beuverie » touche les jeunes Européens de 15 à 25 ans dans tous les pays. Dans les faits, il s’agit de consommer de l’alcool de façon excessive et rapide (au moins 5 verres pour les hommes et 4 pour les femmes en une seule occasion) dans le seul but d’être saoul le plus vite possible. Cette consommation excessive se fait dans les soirées dans les bars et discothèques mais de plus en plus dans la rue, les parcs, les gares, le domicile des parents, avec de l’alcool acheté en grandes surfaces. Les plus touchés sont les étudiants de 18 à 25 ans, l’entrée à l’université marquant le début d’une progression dans la prise d’alcool et de drogues. Pourquoi cette montée en puissance de cette consommation excessive épisodique? Le fait de consommer de l’alcool de façon exagérée lors de soirées peut s’expliquer par la pression sociale exercée par les pairs : on boit pour être intégré socialement.  

Il est intolérable que la société des adultes exploite le goût du risque des enfants et des adolescents pour se remplir les poches, comme elle le fait impunément, en leur proposant des produits dont ils ignorent la réelle nocivité quand ils les consomment pour la première fois.
Interdire toute vente d'alcool aux moins de 18 ans, mesure nécessaire, ne devrait être que le début d'un mouvement de dénormalisation de l'alcool qui n'est pas un produit alimentaire ordinaire, comme chacun en convient. Expliquer pourquoi les adultes doivent s'interdire d'en vendre ou, pire encore, d'en fournir gratuitement aux mineurs, dussent leurs tiroirs-caisses en souffrir, n'est pas très compliqué. Encore faut-il le faire sans attendre de comptabiliser de plus grands dégâts.

Philippe Batel, médecin addictologue
Gérard Dubois, professeur de médecine, Université de Picardie, Amiens
Albert Hirsch, vice-président de la Ligue contre le cancer
Serge Karsenty, sociologue au CNRS, Faculté de droit, Nantes
Le Monde avril 2008




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